Nouvel an Miao

Publié le par Françoise Grenot-Wang

Les groupes colorés venus de tous côtés se rejoignent sur les berges de la rivière. Les joueurs de lusheng soufflent avec ardeur dans leurs instruments, rythmant la mélodie par un violent coup de rein sur le côté. Ils vont par groupes d’une vingtaine, les petits lushengs entourant les grands, posés au sol. Ils semblent infatigables, l’un d’eux bondissant parfois au-dessus de la mêlée. En circulant au milieu des cercles de joueurs, on a l’impression d’être dans une cathédrale dont les orgues seraient devenus fous...

Autour des groupes de joueurs, les pétards éclatent sans plus finir dans un grondement semblable au tonnerre. Il faut parfois se boucher les deux oreilles pour ne pas avoir les tympans qui éclatent.

En proie à la plus grande excitation, les garçons et filles se livrent au grand jeu de la séduction, qui n’est pas dénué d’une violence apparente. Les garçons tirent les filles avec force à l’écart de la foule ou vers la maison de l’un d’entre eux. Les filles résistent en s’accrochant les unes aux autres, les groupes s’agglutinent puis se séparent, jusqu’à la fin de ce combat amoureux, où un garçon réussit à tenir fermement la main d’une fille, sans plus la lâcher.

Les filles, entraînées par la musique, se mettent à danser à un rythme lent en formant des cercles autour des joueurs de lusheng. D’autres garçons les entourent en dansant gauchement. A la fin de la journée, les groupes de lusheng quittent le terrain de la fête les uns après les autres, les mères retournent au village avec leurs enfants. Seuls restent sur le terrain les « datchin’ » et les « dapei », garçons et filles en langue miao, surexcités, qui s’interpellent d’un groupe à l’autre. Les plus beaux garçons ont séduit plusieurs filles et ne savent plus laquelle choisir. Jusque tard dans la nuit, parfois même jusqu’à l’aube du jour suivant, ils se rassemblent autour des foyers dans les maisons, par groupes de dix ou plus, et bavarder, rire et échanger des chants d’amour.

 

Publié dans Miao-Hmong

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O
Merci pour cette belle et fascinante description d'une fête Miao.<br /> Pour ceux qui veulent prolonger l'ambiance des fêtes Miao, et retrouver leurs chants d'amour, relisez le chapitre 39 du roman "La Montagne de l'Ame" de Gao Xingjian où l'auteur décrit avec le talent qui lui a été reconnu, la fête des bateaux dragons à Shitong, un village Miao. <br /> Olivier
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